« Qu'est-ce qu'un adulte ? Un enfant gonflé d'âge. »
Je réglais le goutte-à-goutte de ce patient de la chambre 203 tout en ayant mon regard fixé sur ses paupières fermées et son teint blanchâtre. Il était dans le coma depuis maintenant deux semaines et les raisons de son séjour à l’hôpital m’étaient familières. En effet, d’après ce que les témoins ont pu rapporter, un camion ne l’a pas vu et lui aurait coupé la priorité. Quelques côtes cassées, les deux jambes dans le plâtre mais le plus grave, c’est que sa tête a été touchée violemment et qu’une partie du cerveau a été endommagé. Les médecins disent qu’il y a très peu de chances pour qu’il se réveille un jour et que si par miracle il y arrive, ils ne savent pas s’il sera en pleine possession de ses capacités. C’est une façon plus approprié devant la famille pour dire qu’il sera un vrai légume.
Le rythme cardiaque de mon patient ralenti d’un seul coup. Mon regard se braquait alors sur la machine qui mesurait son pou, il était en chute libre. Je me suis alors empressée d’appuyer sur le bouton d’urgence avant d’aller dans le couloir pour appeler le Docteur Morgan. Avec mon aide et celui d’autres infirmières, nous avons fait le maximum mais cela n’a pas été suffisant. Dieu rappelle à lui les plus braves personnes de ce monde en premier. Peut être leurs offre-t-il un monde meilleur pour les récompenser ? J’ai pu lire sur le visage de mon supérieur son impassibilité. C’est notre métier, nous devons nous y habituer. Nous sauvons des vies et parfois, rien de ce qu’on pourrait faire n’est suffisant. Ses lésions étaient beaucoup trop sévères pour que nous puisons lui venir en aide. Suite à l’annonce du Docteur Morgan, j’ai inscris l’heure du décès sur sa fiche.
« Callypso, charges-toi d’annoncer la nouvelle à sa famille. » M'a-t-il dit avant d’être appeler pour le bloc opératoire. Le métier d'infirmière n'est pas facile. Nous sauvons des vies mais parfois, nous en perdons aussi. C'est à nous qu'il revient à chaque fois l'obligation de prévenir la famille. Ce n'est pas simple à annoncer..
Je me suis retrouvée devant la famille aux regards inquiets. Mon visage abasourdi et pale les laissait devenir la nouvelle.
« Monsieur Andrews est.. » Ais-je commencé avec peu d’assurance. On peut une simple stagiaire ou avoir vingt ans d’expérience dans le métier, annoncer à la famille la perte d’un de leur membre n’est jamais facile. Ca nous hante toujours et ça peut toujours nous bouleverser. Du moins, c’était mon cas.
« Monsieur Andrews a succombé à ses blessures il y a quelques minutes. Nous avons fait le maximum et nous vous présentons nos plus sincères condoléances… » Annonçais-je avec un peu plus de professionnalisme malgré le ton tremblant de ma voix. Comme à chaque fois, la famille a fondu en larmes et a désiré voir la personne pour se recueillir un moment. C’était l’heure de ma pose et j’en avais grandement besoin.
J’ai pris un grand café dans la salle de repos des infirmières. En regardant le liquide couler dans mon gobelet, j’ai risqué un regard sur ma blouse blanche qui comportait un peu de sang. C’est sexy.. Ironique bien sur. Mon portable, disposait dans la poche de mon jean, s’est mit à vibrer. Ouvrant le clapet avec mon pouce, j’ai lu le message de Pandora. Il est vrai que j’assistais à ces échographies puisqu’une amie mais aussi collègue de travail les lui faisait. Je lui ai répondu que je serai présente à chacune et je tiens mes promesses.
Quelques minutes plus tard, j’étais entrain de remplir un formulaire de sortie pour un de nos patients lorsqu’une tête blonde est apparue de nulle part, venant embrasser ma joue.
« Coucou, merci d'être là, je suis stressé pour un rien je sais mais je suis tellement anxieuse ! » Riait-elle, tout de même nerveuse. J'ai affiché un sourire sur mes lèvres qui se voulait réconfortant tout en déposant ma man sur son épaule.
« Tu n’as aucune raison d’être stressée. Déjà ce n’est pas bon pour le bébé et je suis persuadée qu’il va très bien. » Lui ais-je alors dis avant de reprendre.
« Allez, viens avoir moi. Je vais t'installer dans la salle. » J’ai donné les papiers que je tenais à une collègue en lui disant que s’il signait, il pouvait sortir. J’ai ensuite conduite Pandora jusqu’à la salle d’examen et j’ai changé le papier sur le siège pour plus d’hygiène. Je lui ai fais signe de s’installer et je me suis posée sur une chaise à côté d’elle.
« Alors, tu n’as pas eu de complication ? Tout s’est bien passé ? Et dis moi, t’aimerais bien une fille ou un garçon ? » La questionnais-je. Pour détendre les gens, on m’a toujours dit de leur poser beaucoup de question pour les insister à réfléchir et à penser à autre chose.