« Maxyne et Eden, si vous ne vous calmez pas de suite, vous irez au coin. » Nous nous étions mises à pouffer. « Et pas au même coin évidemment » Notre maîtresse était désespérée par ces deux petites filles qui avait presque l'air d'être des sœurs siamoises tellement il était impossible de les séparer. Et c'était impossible, nous étions amies depuis les couche-culottes. Nos parents étaient amis depuis le lycée et leur amitié ne s'était jamais ternie.
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« Moi, je suis là, tu sais » Eden avait pris ma main. A dix ans, que pouvait-elle faire de plus ? Sa meilleure copine venait de perdre sa mère. Même pas parce qu'elle était morte, non, elle était simplement partie. Comme ça, du jour au lendemain, elle avait abandonné sa fille et son mari. Oui, que pouvait-elle faire ? Rien de plus. Pourtant, je savais à cet instant qu'Eden et moi, c'était une amitié qui resterait toujours présente. Je savais que nous serions toujours là l'une pour l'autre, dans les bons comme dans les mauvais moments.
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« Maxyne, mais qu’est-ce que tu fous ? » Qu’est-ce que je foutais ? Et bien, j’embrassais mon petit-ami. Eden et moi avions grandi. Je n’avais plus eu de nouvelles de ma mère et mon père… et bien, il continuait de vivre, et j’avais toujours cette impression d’être transparente à ses yeux. Nous avions seize ans, et le lycée, c’était plutôt cool. A dire vrai, je n’avais pas vraiment de petit-ami, ou plutôt j’en avais plusieurs. Et Eden n’aimait pas ça. Elle s’était donnée un point d’honneur à me protéger ou quelque chose dans ce style. Pourtant, nous avions le même âge, j'avais même quelques mois de plus, mais ça avait toujours été comme ça, elle avait toujours été la plus solide d'entre nous, la plus forte, celle qui protège l'autre.
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« T'es une idiote, Maxyne Willow Potter. Tu le sais ça ? » Je m'étais réveillée dans une chambre d'hôpital, la première personne que j'avais vue était mon père, évidemment. Et la seconde, c'était Eden. J'eus un sourire. « Je sais, Eden. » Je savais qu'elle ne rigolait qu'à moitié. Je vous l'ai dit, elle se donnait un devoir de me protéger. Alors, mon sourire s'effaça bien vite. « Je suis désolée, j'aurais du t'écouter... » Comme d'habitude, je devrais toujours écouter ma meilleure amie. C'était comme si elle savait toujours ce qui était bon pour moi et ce qui ne l'était pas.
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« Tu... quoi ? » Je voyais qu'elle hésitait entre la colère, la peine, les larmes. Tout un tas d'émotions passait sur son visage. Tout comme ça avait été le cas quand je l'avais dit à mon père. « Je vais m'engager... » Eden me coupa net. « Dans l'armée... Oui, j'avais bien saisi. Mais, pourquoi ? » Toujours cette question. Je savais que mon père et elle s'inquiétait pour moi. Tous deux voulaient me protéger mais j'avais dix-huit ans, je pouvais me protéger seule et ma décision de rejoindre l'armée de terre était mûrement réfléchi. « Parce que je dois le faire. J'y ai bien réfléchi et c'est ce que je veux faire de ma vie, servir mon pays » Finalement, elle avait fait comme mon père, elle avait accepté cette idée. Oh, n'allez pas croire qu'elle ne m'en avait pas voulu mais notre amitié était bien plus forte que ce que vous pouvez imaginer. Lorsque j'ai été déportée en Afghanistan en 2003, nous avons pleuré comme des bébés à l'idée de ne pas nous revoir avant un bon moment. Et puis, surtout, Eden pleurait parce qu'elle avait peur de ne plus me revoir du tout.
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« Tu devrais sortir un peu, tu sais » Ouvrant les rideaux d'un grand coup sec, Eden avait dit cela d'un ton joyeux et inquiet. Je venais de rentrer d'Afghanistan et j'habitais chez elle, le temps que mon agent immobilier me trouve un appartement. Je grognais. « Laisse moi traquille. » Tout ce que je voulais, c'était retourner au front. Je n'avais pas d'autres idées. Pour moi, retourner là-bas était le meilleur moyen d'affronter la mort d'Alec. Mais j'avais été contrainte à rentrer à cause de cela, soi-disant que je prenais des risques inconsidérés. Foutaises ! Eden s'était alors assise sur le bord de mon lit. « Parle moi de lui. » Depuis que j'étais rentrée, elle faisait son possible pour me soutenir, sans me poser de questions, se disant sans doute que je parlerais quand je serais prête. Je m'étais assise en tailleur et j'avais parlé d'Alec. « Tu sais, il était l'homme de ma vie, je crois » Je disais cela amicalement parlant, je n'avais pas besoin de le préciser, Eden avait compris. C'était comme elle et moi. Nous étions faites l'une pour l'autre, amicalement parlant. D'Alec, j'ai continué de parler. Il me semble que ça avait bien duré des heures. « Raconte moi ta vie. » Je voulais moi aussi tout savoir sur ce que j'avais raté, sur ce qu'elle avait pu ressentir durant mon absence. C'était bon de nous retrouver.
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« Max', il est marié. » Comme si je ne le savais pas. Jake et moi nous voyions depuis quelques mois quand je l'ai annoncé à Eden. Cette dernière était du genre à juger les gens. Je le savais, mais c'était comme ça, je l'avais accepté depuis bien longtemps. Mais elle était ma meilleure amie et j'avais besoin de tout lui raconter. « Je sais. Mais c'est plus compliqué que ça en a l'air. » Je lui avais alors raconté ce qu'il se passait entre la femme de Jake et lui. « Mais t'es totalement amoureuse de lui, je ne t'avais jamais vu avec les yeux qui pétillent comme ça » Je savais qu'elle n'approuvait pas cette relation mais son sourire trahissait le fait que, pour moi, elle serait toujours là, qu'elle me comprenait. « Pas du tout. » Faire l'autruche, j'y arrivais sans mal mais je ne pouvais pas mentir à ma moitié. Nous étions une partie l'une de l'autre et nous savions déceler le mensonge chez l'autre. Eden n'avait rien dit, elle avait simplement continué de sourire.
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Deux ans que je "suis" avec Jake. Deux ans qu'Eden me soutient même si elle pense qu'il ne quittera jamais sa femme pour moi, quand bien même elle couche avec son meilleur ami. Et je viens de perdre mon bébé. J'ai du mal à réaliser que j'ai été enceinte, que j'ai pris la décision d'avorter mais que j'ai perdu le bébé. Ça me paraît surréaliste parfois. C'était sans doute pour ça que je n'en avais pas encore parlé à Eden. Mais je le ferais, je sais très bien que je craquerais parce qu'elle est Eden et que je ne pouvais rien lui cacher. Parce que j'ai besoin d'elle. Un besoin vital.