« C'est ça Rosie, garde ton dos bien droit et met le poids de ton corps à la fois en avant et dans tes jambes. Pousse bien sur les étriers. Voilà. Parfait... » Je souriais, radieuse, sur ma jument que je venais de recevoir pour cadeau ce douze septembre 2004, jour de mes dix-huit ans. Je l'avais appelé Ambre parce qu'elle représentait la délicatesse et l'élégance de cette pierre précieuse. Ses grands yeux couleur or m'avaient en plus tout de suite fait penser à cette joaillerie que j'affectionne particulièrement, peut-être parce que Haines, mon entraîneur mais aussi petit ami depuis plus d'un an, m'a offert un collier orné d'un pendentif forgé dans de l'ambre. Je me sens légère, dans un autre monde chevauchant cette jument promise à de nombreux exploits. Je finis le tour du manège au petit trop et revient au pas vers la barrière, me penchant de ma jument pour venir déposer un doux baiser sur les lèvres de mon amoureux. « Tu vas le gagner ce jumping samedi, je le sens, je le sais. » souffla t-il contre mes lèvres. Je ris doucement et mes joues rougissent légèrement mais heureusement, le froid extérieur me donnait déjà des couleurs ce qui permet de dissimuler facilement ma gêne. « On verra. Si ça arrive, je dirai que c'est parce que mon coach est plutôt bon. » Je souris largement en descendant de ma monture, et je sors en la guidant à la longe, discutant avec Haines en la ramenant dans son box. « Tes parents viennent te voir à l’œuvre samedi? » J'ai un rictus nerveux avant de le regarder avec mes grands yeux ronds qui peuvent parfois paraître naïfs même s'ils n'en sont rien. Je soupire en posant ma tête contre l'encolure claire de ma jument avant de répondre, ma déception perceptible dans ma voix. « Je ne suis plus leur enfant chérie. Ma petite sœur avait besoin d'eux pour un festival ou je ne sais plus quoi. Une gamine de quatorze ans doit avoir quelque chose d'essentiel à faire pour la réussite certaine de son avenir darling, tu comprends? » J'avais pris un air moqueur et bourgeois, ne cachant pas le fait que j'étais blasée. Ce n'était pas la joie avec mes parents et ma petite sœur, bien qu'adorable, se laissait facilement influencée par nos parents jusqu'à renoncer à passer du temps avec moi. Haines me prit dans ses bras et je cachais dans son cou mon malaise, une larme roulant sur ma joue lentement. Je me sentais rassurée dans ses bras, et nos cinq d'écart d'âge ne nous avaient jamais posé problème. Mes parents ne parvenaient pas à faire confiance à ce garçon 'trop vieux pour moi qui ne voudrait que profiter de moi et mon innocence'. Je n'avais pas supporté de telles paroles et m'étais éloignée, petit à petit, de ma famille. Il referma le box tout en me gardant contre lui et m'entraîna au fond de la grange où nous nous allongeâmes dans la paille sèche. Après quelques mots doux et caresses rassurants prononcés, je n'en fus que plus amoureuse encore et je lui offris pour la première fois ce qui ne peut être donné qu'une seule fois à un homme...

Sept ans plus tard, Primrose et Haines partagent tout, ou presque. Il est impossible de cacher quelque chose à l'autre, un simple regard suffit. Noah, le fils de Rose qui a trois ans, s'entend à merveille avec les filles d'Haines, pour le plus grand bonheur des deux inséparables. Bien que le temps leur ait fait perdre leur sentiment amoureux qu'ils éprouvaient l'un envers l'autre, leur amour reste présent bien que différent. Leurs épreuves, ils les ont traversé ensemble. Il ne se passe plus rien d'intime entre eux, pas même un baiser mal placé. Leur relation est claire, jamais ambigüe. Haines pousse Rose à reprendre plus sérieusement les entraînements afin de concourir à nouveau mais la jeune maman a perdu confiance en elle. Haines lit en elle comme un livre ouvert et il sait très bien que l'histoire passée la ronge toujours. (pour plus d'informations sur Primrose → voir son histoire)