J'étais arrivée il y a bien deux heures de cela. Ma voiture était encore chaude, mais elle n'allait pas tarder à se refroidir. Enfin, je ne pouvais pas me plaindre. Au moins, j'étais en vie, en bonne santé, sans une seule égratignure. Un frisson me parcourut l'échine. J'avais vu la misère, la peur dans les yeux de mes victimes, j'avais connu la puissance, le contrôle, la sensation exquise de l'adrénaline qui parcoure vos veines. Pourtant, pendant deux semaines, j'avais connu la peur. Moi, chasseuse de prime réputée. C'est moi qui me faisais traquer à présent. L'arroseur arrosé, voilà ce que j'étais devenue en si peu de temps. Tout avait été si rapide. Ma mission ratée, la fuite et maintenant mon arrivée à Barrow. Barrow. Qui aurait pu dire que je serais un jour ici, dans une voiture au beau milieu d'un village en Alaska. Cette région où le vent vous figeait le sang dans vos vaisseaux, où vos yeux ne voient rien à cause de la neige. A Barrow, on vivait dans le noir les trois quart de l'année. Je soupirais. Pourquoi venir ici ?

Je grelottais de plus en plus. Je voyais le thermomètre descendre de degré en degré à la tombée de la nuit. Le soleil était parti depuis déjà bien longtemps. Un avantage pour moi. Je remerciais ma bonne conscience, mon sens de l'esprit de m'avoir entrainer dans ce bled. Les hommes qui me poursuivaient allaient avoir beaucoup de difficultés à me retrouver. Peut-être bien qu'ils me croiront morte, gelée dans ma voiture introuvable, ou bien partie plus au Nord.
Mes pieds me picotaient et mon nez était aussi froid qu'un glaçon. Je commençai sérieusement à regretter ma venue. J'avais tellement envie de voir Birdie, de toquer à sa porte et de rentrer dans sa maisonnette bien chauffée. Cependant, aucune idée d'où elle habitait. Le lendemain, il faudra que je demande aux passants son adresse. Je soupirai une deuxième fois. Cette nuit, j'allais tenir le froid. J'allais rester forte et courageuse. « AH! Oh mon Dieu. » Son visage près de la vitre m'avait fait sursauter. Je ne m'y étais pas attendue. Aussitôt, les battements de mon coeur ralentirent. Je contrôlais pleinement mes pulsions et les mécanismes de mon corps. Une fois apaisée, je dévisageais la jeune femme qui me montrait maintenant une maison du doigt. Je n'avais aucune envie d'abaisser ma fenêtre, mais j'y étais maintenant contrainte. Ceci fait, je ne perdais pas de temps et lui demanda directement ce qu'elle voulait. « Bonjour, qu'est-ce que vous voulez ? » Le ton de ma voix avait peut-être été rude, mais en même temps j'avais froid et un sentiment de méfiance commençait à naître en moi.

Dix-neuf heures. Le soleil s'était couché sur Barrow et on aurait dit que la nuit était déjà bien avancée. Pourtant, en vérité, la soirée n'était même pas encore terminée. La jeune Juliet sortait tout juste de sa galerie d'art et la journée avait été longue vu que la jeune peintre avait eu la visite d'une classe du lycée de Barrow en cursus artistique et que, de plus, elle avait finit son dernier projet: une toile d'un paysage de la ville qui était devenu son havre de paix et cette ville n'était autre que Barrow, cette petite ville d'Alaska qui pour de nombreux gens, n'a rien d'attirant mais qui pour Juliet est un vrai eldorado. La chose que préfère Juliet dans cette ville c'est le fait que, malgré le froid omniprésent, les habitants de cette ville sont tous soudés, tout le monde se connaît .A son arrivée ici, il y a trois ans, cela a été une évidence, un vrai coup de foudre, comme si Juliet était faite pour vivre à Barrow et qu'elle attendait cette découverte depuis sa naissance.Bref, revenons-en au sujet du jour... Miss Anderson sortait donc de son boulot et prenait le chemin de son appartement dans le quartier de Herman Street. Elle était à pieds, comme tous les jours et pour cause, la jeune fille ne prenait presque jamais la voiture; à quoi bon? Tout était tellement proche à Barrow qu'il n'y avait jamais besoin de moyen de locomotion polluant: la marche et le vélo suffisaient amplement et d'ailleurs, pour Juliet, cela changeait vraiment de Los Angeles, ville où elle avait passé trois ans pour ses études et où la voiture était quelque chose d'indispensable... A Barrow, au moins, tout en marchant, elle pouvait observer à sa guise les magnifiques paysages d'Alaska sans pour autant, avoir besoin de trop s'éloigner des artères principales car, Juliet ne tenait tout de même pas à se retrouver face à un ours blanc, seule.

Environ sept minutes de marche séparaient son lieu de travail et son appartement et c'est donc vers dix-neuf heures quinze, après être passée remettre en coup de vent un papier important à une amie, que Juliet arriva enfin chez elle. Cependant, alors qu'elle s'apprêtait à rentrer à l'intérieur de son appartement, la jeune peintre remarqua une voiture qui n'avait pas l'air d'être de Barrow puisqu'elle ne l'avait jamais vue.Prise de curiosité (et oui curiosité quand tu nous tiens...), Juliet s'approcha et remarqua que dans la voiture, se trouvait une jeune femme. La jeune peintre se décida donc à aller toquer sur la fenêtre pour demander à la jeune femme si elle avait besoin d'aide mais, alors qu'elle s’approchait de la fenêtre de la voiture,la demoiselle à l'intérieur tourna la tête et sursauta en voyant le visage de Juliet qui elle aussi sursauta, ne s'attendant pas à se faire surprendre ainsi. La jeune peintre devina que la femme à qui elle avait à faire était nouvelle à Barrow, elle ne l'avait d'ailleurs jamais vue, elle lui montra du doigt son appartement, essayant de lui faire comprendre que si elle le souhaitait, elle pouvait l’héberger mais la fenêtre de la voiture était encore fermée et c'était donc difficile de se faire comprendre.Par chance, la nouvelle arrivée à Barrow finit par faire descendre la vitre de sa voiture tout en demandant d'un ton plutôt agressif:« Bonjour, qu'est-ce que vous voulez ? ». Juliet fut plutôt surprise par le ton employé par la jeune femme mais elle finit par se dire que c'était sûrement à cause du froid et elle répondit donc calmement, le sourire aux lèvres comme toujours: « Bonjour madame, je m’appelle Juliet, j'habite l'appartement juste en face et je devine que vous n'avez pas où vous loger pour la nuit vu que vous venez sûrement d'arriver. Je me demandais donc si je pouvais vous être d'une quelconque aide. Ce serait avec joie que je vous accueillerait pour la nuit, j'ai de la place chez moi et puis, si vous ne voulez pas passer la nuit au chaud, dans mon appartement, je me ferais tout de même un grand plaisir de partager un souper bien chaud avec vous si vous le souhaitez bien sûr..» Attendant la réponse de son interlocutrice, Juliet l'observa et elle se dit tout de suite qu'elle n'était pas comme les autres. A vrai dire, Juliet sentait quelque chose d'assez mystérieux s'échapper de cette jeune femme et elle ne savait pas pourquoi elle ressentait cela..


Désolée que ce soit si pourri, j'essaierais de me rattraper