Elle soupira, encore une fois, il venait de lui faire comprendre qu’elle n’était qu’une bonne amie. Une amie comme il pourrait en avoir tant d’autres. Pourquoi fallait-il qu’il réagisse toujours comme ça ? Pourquoi est-ce qu’il ne voulait pas prendre cinq minutes pour réfléchir à ce qu’elle représentait pour lui ? Avait-il si peur des sentiments ? C’était sûrement ça. Il était ce type qui pouvait résoudre des problèmes mathématiques à la vitesse de la lumière mais qui était incapable de savoir ce qu’était l’amour. Elle ne s’en sortirait jamais, elle devait laisser tomber l’affaire. Elle n’était qu’une amie, sa colocataire. Juste ça, alors qu’elle aurait voulu tellement plus. Elle ne pouvait pas rester comme ça indéfiniment. Assise sur le canapé, elle allait attendre qu’il sorte de cette douche et elle allait lui parler. Encore un soupire, en avait-elle seulement le courage ? Elle n’en savait rien. Alors qu’elle voyait les secondes filer sur la pendule, elle commençait à douter. Finalement, elle sursauta en entendant la porte de la salle de bain se fermer. « T’es encore là ? T’as pas dis que tu devais aller bosser ? » Elle se retourna vers lui, avec cette expression qui exprimait à quel point elle était lasse. Lui, il la fixait avec ce sourcil froncé qui marquait son étonnement. Elle soupira encore une fois avant de se tourner de nouveau alors qu’il avançait pour s’assoir près d’elle. « Ça va ? » Elle leva les yeux au ciel, quelle réplique débile. « Non ça ne va pas Clyde ! » qu’il pouvait être idiot quand il s’y mettait celui là ! « Quoi qu’est-ce qui t’arrive ? » Elle se leva brusquement du canapé. « Je perds mon temps ! Regarde toi ! Tu vis comme si le monde autour de toi n’avais pas la moindre importance, tu ne te fis qu’aux statistiques, qu’aux calculs bidons ou que sais-je encore ? Mais jamais tu n’ouvres les yeux sur la réalité et je vais pas passer mon temps à t’attendre Clyde » Il la fixait avec des gros yeux ronds comme si elle s’était mise à danser la polka en kilt dans leur salon. « Je ne te suis pas Andrea, qu’est-ce que j’ai fais de mal, encore ? » Elle soupira pour la énième fois, levant encore les yeux au ciel. « Rien et c’est ça le problème. Tu m’as embrassée l’autre soir alors, je me suis dis que tu avais compris et que ce que je ressens pour toi était réciproque, mais j’ai du me planter, il n’y en a que pour ton boulot ! » Toujours cette même tête du gars qui ne pige pas, évidemment, elle aurait était en train de lui débiter des truc du genre : dans un triangle rectangle, le carré de l’hypoténuse est égal à la comme des deux autres côtés au carré, ça aurait été limpide comme de l’eau de source ! « L’autre soir … Je … Tu m’avais fait boire du vin et … enfin je pensais que … je suis juste … je sais pas je … » Un sourire ironique se dessina sur les lèvres de la jeune femme. « Ok. Très bien. Je passerais prendre mes affaires plus tard, je crois que j’ai besoin de m’éloigner pour réfléchir à tout ça. » Sur ces mots, elle quitta la pièce, vexée, blessée et décidée à avancer bien qu’elle doute en être capable. Il ne savait plus où il en était et il passa les jours qui suivirent à réfléchir, des jours qui devinrent des semaines, des mois. Des mois passés à regarder cet appartement vide qu’ils avaient partagé tous les deux, des mois à regretter cette époque où ils avaient vécus ensemble. Cette fille était parfaite, il n’aurait pas pu imaginer qu’elle ressentait plus que de l’amitié pour elle, et il s’était planté. Le temps qu’il réalise que c’était réciproque et des mois s’étaient écoulés, elle n’avait pas eu de nouvelles de lui, il n’avait pas eu de nouvelles d’elle. Elle avait accepté ce rendez vous avec ce gars qui n’arrêtait pas de la tanner pour un rendez-vous, un type qui venait tous les jours au café où elle travaillait, un type sympa. Elle avait fini par sortir avec lui, mais elle n’avait jamais oublié son ancien collègue, mais tout problème à sa solution, elle était partie, rentrée chez elle au bras de cet homme et c’est ce qu’une de ses amie annonça à Clyde le jour où il s’était enfin décidé à revenir vers elle. Maintenant des kilomètres les séparaient et la meilleure chose à faire aurait sans doute été de s’oublier l’un l’autre, mais ce n’était pas si simple, il y avait en eu ce souvenir gravé en leur mémoire comme une marque au fer rouge sur leur peau.

Il avait fait des kilomètres pour elle et elle était là en face de lui dans cette rue, il ne pouvait qu’aller vers elle, si tant est qu’il n’était pas encore paralysé par ce putain de froid qui régnait sur cette ville pourrie. Finalement, bien que ses muscles étaient quelques peu ralenti, il arriva à sa hauteur. « Andrea ! » Ce fut à son tour de le regarder avec les yeux ronds de la personne qui ne comprend pas ce qui se passe. « Clyde, qu’est-ce que tu fais ici ? » C’est vrai qu’est-ce qu’il faisait ici à se gelé le cul dans cette ville de merde déjà ? « Je suis venu … Pour toi. Tu m’avais dis que tu été née ici et que tu aimais cette ville et on m’a dit que tu été partie alors je me suis demandais où est-ce que tu pouvais être partie alors j’ai pensé à cette ville … » Elle baissa les yeux au sol, quel idiot, elle avait fuit le souvenir qu’il lui restait de lui et il se pointait ici comme un bouffon. « C’est gentil. Tu crois pas que ça aurait été plus simple de donner des nouvelles quand j’étais à Houston ? Tu crois pas que tu aurais économisé du temps et de l’argent en plus ? » Elle le fixait maintenant, avec ce regard aussi froid que la température ambiante. « Je sais, je suis désolé … » Elle leva les yeux au ciel, décidément, elle passait son temps à faire ça quand elle parlait avec lui. « Et tu pensais à quoi en venant ici ? Que tu pouvais te pointer et tout changer ? Tout rendre comme c’était avant ? C’est trop tard Clyde ! » Il pinça légèrement les lèvres, il s’en été bien douté, il était venu se geler les couilles au fin fond de l’Alaska pour que dalle, qu’elle trou du cul il faisait. « Je sais. C’était idiot de ma part, j’aurais mieux fait de rester chez moi. J’avais juste une petite lueur d’espoir, bha, elle vient de s’éteindre. Je suis désolé, j’espère que tu seras heureuse … » Elle laissa échapper un petit rictus ironique. « Heureuse ? Je suis stripteaseuse parce que j’ai pas trouvé mieux ici … j’ai plaqué Houston et son soleil pour ça alors je sais pas si je serais heureuse un jour et je peux te remercier pour ça. » Encore une fois, il baissa les yeux comme le gamin qui vient de se faire gronder par sa mère, c’était tout elle ça toujours en train de tout dramatiser, il n’avait pas non plus détruit sa vie, faut pas pousser mémé dans les orties. « Je suis désolé Andrea, je vais partir alors … Adieu … » Sur ses mots il s’éloigna, la laissant là, en plan encore une fois, elle soupira avant de rentrer chez elle, laissant les semaines s’écouler depuis cette rencontre qui avait tout changé. Il avait trop tardé à revenir vers elle mais il était revenu, il l’aimait et elle l’aimait sans doute aussi, mais que pouvait-elle faire ? Il était sans doute déjà reparti sous le soleil de son très cher Texas …