Elle avait bien du mal à savoir ce qu’elle faisait là, quelle idée stupide elle avait eu de se pointer à des cours de cuisine alors qu’elle savait déjà parfaitement cuisiner ? Un sale coup de sa meilleure amie qui avait eu quelque chose de prévu ce soir et qui lui avait demandé d’y aller à sa place, c’était le premier cours et elle ne voulait pas passer pour une fille pas assidue, c’était stupide d’ailleurs parce que quand elle irait la semaine suivante tout le monde verra que ce n’est plus la même personne assise à sa place. Sa meilleure amie avait parfois des idées bizarres, ou juste des ruses un peu stupide pour la forcer à rencontrer des gens. C’est cette idée qui vint s’immiscer dans son esprit alors qu’elle se retrouvait à côté d’un jeune homme plutôt sexy. Il fallait qu’elle oublie cette idée stupide. Elle adressa un sourire au jeune homme avant de regarder le plan de cuisine en face duquel ils étaient. Elle regarda vaguement autour d’elle, c’était tout à fait le genre de sa meilleure amie ça, la forcer à aller à un cours débile pour qu’elle se retrouve à travailler avec le seul homme sexy de la pièce. Elle soupira, elle s’était bien faite avoir. « Qu’est-ce qui vous pousse à prendre des cours de cuisine ? » Elle mit quelques secondes avant de réagir, n’ayant pas vraiment compris qu’on s’adressait à elle. Elle finit par tourner la tête vers son Co-équipier tout en haussant les épaules. « Franchement ? J’en ai pas la moindre idée et vous ? » Que dire de plus ? Elle était très douée en cuisine alors elle n’avait rien à faire ici, depuis qu’elle était gosse elle adorait mettre la main à la pâte alors elle n’avait vraiment rien à faire dans un cours de cuisine. « Il faut que j’apprenne à faire autre chose que des pâtes … » Il accentua sa phrase par un sourire qu’elle lui renvoya. « Une petite amie ? » Elle était peut-être un peu trop curieuse mais elle n’avait pas franchement envie d’écouter le chef qui parlait de Dieu seul savait quoi, au moins discuter avec ce type qu’elle ne reverrait plus jamais lui semblait plus intéressant. Il agita lentement la tête de droite à gauche, les lèvres pincées. Elle s’était trompée, autant pour elle. Il était peut-être célibataire du coup. Encore une idée qu’il fallait qu’elle évacue de ses pensées. « Non, un fils … » Elle sourit encore une fois. « Je vois, il a sans doute de la chance d’avoir un père qui prend le temps de prendre des cours de cuisine pour lui … » Il haussa les épaules, il n’avait pas l’air convaincu de ce qu’elle avançait. « Oui, je sais pas. Disons qu’il n’y a pas si longtemps que ça, j’ignorais que j’avais un fils et aujourd’hui je me retrouve à prendre des cours de cuisine pour lui … C’est bizarre … » Une nouvelle fois, la curiosité de Billie était piquée à vif, mais elle ne pouvait pas juste lui demander de lui raconter sa vie alors qu’ils ne se connaissaient absolument pas. « Bonne chance alors … » Elle lui adressa un beau sourire avant de remarquer que le chef était désormais devant eux avec cet air de type un peu énervé qui attend qu’on l’écoute. Elle jeta un rapide coup d’œil à son coéquipier avant de manquer d’exploser de rire. Finalement ils suivirent leur cours de cuisine et très vite le jeune homme se rendit compte que sa camarade n’avait pas besoin des ses cours, pourtant elle revenait à chaque fois.

« Merci, c’était une soirée vraiment géniale. » Elle lui sourit. C’était bizarre mais le courant était très bien passé entre deux depuis cette rencontre aux cours de cuisine, cours auxquels ils continuaient de participer tout les deux. « Y a pas de quoi. Merci à toi d’avoir accepter de m’accompagner. Ça se fait de sortir avec le père d’un de tes élèves ? » Elle rigola légèrement. « Bien sûr, on ne fait rien de mal … Juste une soirée entre amis … » Il soupira suite à cette phrase. Des amis, peut-être qu’il aurait voulu être plus que son ami, là où elle, elle semblait de toute évidence n’avoir rien de plus à lui offrir. Il n’était pas du genre à se décourager. « Bon, je vais rentrer … » Elle désigna légèrement la porte devant laquelle ils étaient arrêtés, la porte de chez elle. « On se voit mardi au cours de cuisine ? » Il ne répondit pas, elle le fixait les sourcils arqués, attendant qu’il dise quelque chose et finalement, il n’y avait rien à dire. Il l’embrassa. Elle ne s’y attendait pas même si ça faisait parti des choses qu’elle espérait au fond d’elle, une envie qu’elle essayait de faire taire jour après jour. Elle finit par couper court à ce baiser pourtant si agréable. « Non, il ne faut pas … » Elle ne pouvait pas se permettre de vivre une pseudo histoire d’amour avec quelqu’un, elle ne voulait pas partir et laisser seul quelqu’un, c’était déjà suffisamment difficile de savoir qu’elle finirait pas laisser son père, elle ne voulait pas avoir à laisser quelqu’un d’autre. « D’accord … je vois … je suis désolé … » Non, il ne voyait rien et elle, elle sentait les larmes monter à ses yeux, c’était beaucoup plus compliqué que ce qu’il pouvait imaginer. « Non, c’est moi … j’aurais mieux fait de …. Je sais pas … C’est que … C’est compliqué … » Faible explication, mais elle ne savait pas quoi lui dire de plus et maintenant qu’il reculait, qu’il s’éloignait d’elle, elle ressentait une forte douleur à son cœur, elle ne voulait pas le laisser partir, mais qu’est-ce qu’elle pouvait faire de plus. Voilà qu’il lui tournait déjà le dos. « Je suis désolée … Je … » Elle soupira. Il fallait qu’elle lui dise la vérité. Il commençait déjà à être loin alors elle décida de courir derrière lui. « Je suis malade ! » Cette fois il s’arrêta. Il se tourna vers elle, les sourcils froncés. « Malade ? » Elle acquiesça avant de fixer le sol quelques instants puis de replonger son regard vers lui. « Je suis condamnée … j’ai vingt-neuf ans et je n’atteindrais pas les quarante, peut-être même pas les trente cinq … Il n’y a plus rien à faire et je ne veux pas décevoir les gens qui se seraient attachés à moi … Mais je ne veux pas non plus que tu m’en veuilles parce que j’aimerais tant pouvoir t’aimer comme tu mérites d’être aimé mais je ne veux pas que tu fasses parti des personnes qui me regarderont mourir alors il vaut mieux que tu trouves quelqu’un d’autre … » Elle pinça les lèvres avant de faire demi-tour, bizarrement sur le moment, il ne trouva pas la force de la retenir, il la laissa rentrer chez elle, là où elle seule dans son coin, elle pu pleurer à chaque larmes. Le mardi suivant, il se rendit à leur cours de cuisine, elle n’y était pas, il s’en était douté, pourtant il avait espéré qu’elle vienne.