Cela ne fait que quelques mois que j'ai posé mes bagages à Barrow subtilement contrainte à y séjourner. Et pourtant, le crissement de la neige sous les pas plus ou moins léger, presser ou nonchalant des habitants me rappelle ma ville d'origine. C'est dans l'inconnu qu'on reconnaît ce qui nous est le plus familier. Ce froid et ce climat atypique propre à Barrow me sont devenu un baume. Sentir aux premieres heures du jour le froid se saisir de votre corps, s'emparer de votre flux sanguin et vous saisir dans ce glacial paysage. Un poète à ainsi dit « La vie, émane de la vie elle-même », c'est dans des lieux comme Barrow que l'on saisit le sens de cette vie, elle respire tout autour de vous, chaque bouffée d'air expulsé se manifeste devant vous comme un nuage de vie. Alors peu importe si le froid est parfois un ennemi, j'aime le côtoyer à Barrow et je ne m'en lasse pas. Pour tout dire, je crois que oui Barrow me rend heureuse à sa façon...
J'ai dû quitter Los Angeles il y a 9 mois quand mon oncle m'a expédier pour un aller-simple en destination de Barrow. C'est ainsi que mon existence à Barrow à débutée... Le charter affrété par oncle Baxter s'est posé un mardi matin, c'était en décembre. J'ai attendu toute la journée que le jour se lève mais il n'est jamais venu. C'était comme si l'atmosphère s'était calquée sur mon humeur, mon âme, mes émotions. D'abords heurté par ce froid polaire comme un affront, un gifle monumentale, j'ai doucement réappris à ouvrir les yeux et à apprécier la vie, et Barrow en avançant dans les mois s'est peu à peu glisser en moi, aujourd'hui le jour se lève et mes émotions sont saines. Certains parle de Barrow comme d'une nuit sans fin et pourtant c'est son éveil qui est le plus somptueux puisqu'elle éveille de l'obscurité les hommes.
Je n'ai assisté aux trente jours de nuit qu'une seule fois et je n'ai pas réellement su en tirer pleinement toute sa force. Alors il est évident que je vais rester, j'ai besoins d'affronter pleinement l'obscurité, j'ai déjà quelques idées en tête, ma passion mais aussi mon job est de capturer l'instant et de le magnifier pour qu'on ne l'oublie pas et je suis sûre que Barrow à des trésors à livrer durant ses trente jours. Et puis je crois que je serais incapable de repartir, ici même si parfois mon univers semble secouer de secousses interminables c'est mon quotidien, c'est une page qui s'écrit. Partir ce serait comme laisser revenir les anciens démons prendre l’apéritif avec les nouveaux.
La renaissance, Barrow est un perpétuel moteur d'imagination, d'aventures et de mouvements. Artistiquement parlant c'est une ressource sans fin, il y a tant à saisir que j'ai parfois l'impression de ne retenir qu'une minuscule partie de cet ensemble. Moralement c'est une Tinsley apaisé de ces tumultes qui vit à Barrow, et entre nous c'est avec cette personnalité là que je suis le plus en accord. Les habitants de Barrow ont eux aussi leur charme bien même si ils ne savent pas réellement pourquoi j'ai poser mes valises dans leur charmante ville... En fin de compte c'est aussi pour ça que je reste là, loin de mon passé et de tout ce qu'il a entraîner...