Bernard avait emmené ses filles voir les aurores boréales lors de la fête organisée par la mairie. Du aux faibles lumières présentes, le père avait spécifié aux trois petites qu’il ne fallait pas s’éloigner et de toute manière, il avait ramené des gardes du corps histoire de garder un œil non pas au ciel, mais bien en bas où allaient courir partout les gamines. Anka en particulier était excitée. Une nuit de trente jours, ça l’impressionnait toujours autant et le fait qu’elle puisse regarder les étoiles à n’importe quel moment si elle le voulait ne pouvait être qu’une bénédiction, un véritable cadeau du ciel. Ainsi, ils s’étaient habillés chaudement, la petite serbe avait enfilée un bonnet et un manteau rouge d’où elle avait rabattus une capuche pour épargner son cou du vent froid. Elle avait des gants, un pantalon gris et chaud et des chaussures montantes pour éviter qu’elle n’ai les pieds mouillés. Ainsi armée, elle avait l’impression qu’elle allait bientôt affronter une armée de météorites venues accompagner les aurores boréales. D’ailleurs ce nom l’avait toujours intrigué, l’aurore qui précédait le lever du jour mais qui arrivait plutôt une fois le soleil partit bien loin. Elle avait révisé ses constellations et était fin prête à essayer de les voir derrière les rideaux vaporeux verdâtres qui ornaient déjà la voûte ébène fraîchement installée sur l’Etat.

Elle était euphorique et ses jambes n’en pouvaient plus de tricoter tant elle s’impatientait. Comme d’habitude, Billie avait besoin d’un peu d’aide pour s’habiller et Xanthe récoltait les attentions du père à cause de sa constitution psychologique et physique fragile. A la porte, Anka avait râlé dans son coin, attendant comme une enfant de onze ans impatiente attendait : en faisant les cents pas, en donnant des coups de pieds dans la neige, en dessinant des formes dans la poudreuse… Bref, elle essayait de ne pas penser aux minutes précieuses qu’elle manquait à la fête. En plus une fête ! De la nourriture et à boire et certainement des petits copains avec qui jouer ! Elle était entrain de prier pour qu’Edgar soit aussi dans le lot mais rien n’était moins sur étant donné son comportement butté qui lui apportait souvent des remontrances des professeurs à l’école. Une bonne punition serait donc de le priver de cette sortie. Sur ce point, Anka avait été irréprochable et avait prit soin d’être la petite fille parfaite pour avoir la possibilité d’aller à la fête.

Bientôt, la famille se mit en voiture et on se dirigea alors vers la place de la fête. Il y avait déjà beaucoup de monde et les bougies ornaient déjà le parc alors que la petite serbe trépignait carrément dès la voiture. Une fois le pied à terre, elle fit attention de ne pas trop s’emporter pour courir comme une furie vers les lumières et attendit le reste de la tribu Kohenzadeh. Finalement, ils arrivèrent à l’entrer et reçurent, du moins pour Xanthe et Anka, une bougie à porter pour arriver à se déplacer dans le noir sans trop trébucher. La dame qui le leur donna leur dit de faire attention à ne pas se brûler et de revenir au stand si d’aventure la bougie s’éteignait ou qu’elle la faisait tomber dans la neige. Hochant docilement la tête, la petite fille pensa que de toute manière elle s’en foutait de la bougie, elle pouvait bien se déplacer dans la nuit après tout.

La foule était assez dense autour du buffet. La gamine n’avait pas faim. Non, elle avait déjà la tête bien en l’air entrain de regarder les traînés vertes qui étaient le résultat d’interactions magnétiques. Elle n’avait pas tout comprit en lisant son livre sur le sujet mais elle s’était promit d’un jour maîtriser totalement le sujet. Après tout, c’était basique si elle voulait être astronaute. Mais le fait de lever ainsi la tête, fidèle à son surnom de l’orphelinat, elle heurta finalement quelqu’un qui était de dos, de plein fouet. Elle tomba les fesses dans la neige et alors qu’elle se relevait en évacuant la poudreuse de son royal séant, elle bredouilla un petit « Désolée j’ai pas fais attention. » Elle venait d’ailleurs aussi de remarquer qu’elle avait certainement du s’éloigner du groupe car elle ne voyait ni son père, ni ses sœurs, ni les gorilles qui accompagnaient les sorties en famille généralement. Elle n’était pas à proprement parlée perdue mais aux yeux de son père, ce serait une toute autre affaire.