Azraël&Everleigh.

« Ne fais pas cette tête, chéri, fit Ashley Volkov-Revenge lorsque son fils unique se traîna jusqu'à la cuisine, l'air blasé. Regarde ce beau soleil que nous avons ! » « Wahou, il semble qu'il va faire beau, effectivement ! Seulement -145° c'est pas mal pour un mois de mai. » Sa mère secoua la tête, résignée et lui tendit une assiette avant d'essuyer ses mains sur son tablier. « Martha et moi avons remarqué qu'Everleigh et toi passiez du temps ensemble … » « J'essaie de la convaincre de coucher avec moi, mais tu sais comment sont les filles de nos jours, toujours en train de dire non, dit-il cyniquement, sachant qu'il mettait ainsi un terme à la conversation. » Il n'avait aucune envie de parler de sa vie amoureuse avec sa mère, et encore moins de sa glaciale voisine qui le rendait complètement dingue.
Qu'aurait-il pu dire, de toute façon ? Qu'elle le repoussait sans cesse ? Qu'elle se sentait supérieure et pensait qu'il ne la méritait pas ? Qu'elle semblait aussi attendrie par lui que si il ressemblait à un phoque ? Qu'elle le voyait à peine et le snobait ? Qu'elle aurait préféré se trouver en présence de n'importe qui plutôt qu'être avec lui ? Qu'elle chérissait plus ses devoirs que l'attention qu'il lui portait ? Trop de choses réjouissantes qui minait le moral du jeune homme.
« Ce n'est pourtant pas dans tes gênes de laisser tomber si facilement, fit remarquer sa génitrice, l'air de rien. » « C'est quoi l'histoire, là-dessous ? Martha et toi avez déjà commencé à organiser notre mariage ? »

De retour dans sa chambre, Azraël ne pût s'empêcher de lancer un coup d'oeil par la fenêtre qui donnait une vue improbable sur le cocon d'Everleigh Kovaleski. Heureusement (ou malheureusement pour lui), elle n'était pas là et ne pouvait donc pas piquer une nouvelle colère parce qu'il l'espionnait. Pour un peu, elle l'aurait presque fait passer pour un pervers psychotique. Au fond, le jeune homme savait bien qu'elle s'était crée une carapace pour se protéger de ses parents, mais à se voir refouler sans cesse, son coeur et sa raison avait fini par diverger, si bien que le premier, blessé, ne voyait plus que du mauvais en la belle blonde.

' Ce soir, au Bronze, 21h ', fût tout ce que disait le message de Briséis. Enfin un moyen de pouvoir se changer les idées. Il avait bien tenté de sortir, dans l'après-midi, mais s'était vide rendu. Il n'y avait absolument rien à faire par cet horrible temps.
Los Angeles lui manquait. Tellement. L'activité, la vivacité, la multitude de choses à faire, le soleil, les filles en maillot de bain, les fêtes endiablées sur la plage, son ancien avenir à UCLA, ses ami(e)s, le regard que lui portait les filles. Barrow était tellement froide et différente de tout ce qu'il avait toujours connu … D'ailleurs, Azraël pensait sérieusement à quitter la ville, car après tout, rien ne le retenait réellement ici …
Après une longue douche et un enfilage rapide de trois couches de vêtements, il était fin prêt à s'en aller. Et puis, comme mué par un instinct, il tourna la tête en direction de la maison voisine. Voire son espèce de bourreau les joues ravagées par des larmes aurait du lui faire ni chaud ni froid, mais bien entendu, ce ne fût pas ce qui passa. Il sentit son coeur se serrer, au point que l'idée de partir en la laissant là devenait insupportable. Il grogna, se maudissant d'être tellement sous son emprise. Azraël attrapa un gros bloc de papier et écrivit au marqueur : ' Tout va bien ? Je sors, je t'emmène oublier tes problèmes ? '. Il ouvrit ensuite sa fenêtre, laissant la froideur du soir s'engouffrer dans sa chambre, balança un pauvre stylo qui n'avait rien demandé sur le carreau voisin et tendit le bloc devant lui, afin qu'Everleigh puisse lire ce qui y était écrit.