Je regarde ma montre avant de soupirer bruyamment. Il est déjà bien tard et la nuit est tombée depuis un bon moment. Je n'avais décidément pas vu le temps passer ni entendu mes collègues partir les uns après les autres. Oui, quand je suis concentrée parfois, rien ne peut me perturber! M’étirant, j’appuie mon dos contre le dossier de ma chaise tout en passant mes mains sur mon visage, ignorant le fait que je porte du maquillage. Mes doigts me brûlent, de même que mes yeux, et ma tête parait lourde. Cela fait des heures maintenant que je bosse sur ces foutus croquis. Ils sont pour une cliente particulièrement difficile: Normalement, je sais cerner les gens plutôt rapidement, voir un peu leur personnalités, leurs goûts…Puis les déco‘, les aménagements m’arrivent tout seuls, presque sans aucune difficulté. Sauf que là, mon « don » n’est absolument pas efficace! Cette femme me donne du fil a retordre et refusera de me lâcher tant que tout ne sera pas parfait. Et je n’ai pas besoin de plus de remontrances et de caprices! Pas en ce moment… Regardant l’heure une nouvelle fois comme pour me prouver que je n’ai pas rêvé, je décide que ça suffit. Le bureau est quasiment désert, prouvant qu’il est temps pour moi de partir aussi. De toute manière, ma cliente pourra bien attendre demain, il n'y a pas le feu à ce que je sache! Mes délais ne sont pas encore écoulés alors je peux me permettre cet écart. Sans perdre une seconde, je range mes affaires, met mes croquis en sécurité dans mes dossiers qui vont m'attendre sagement jusqu'à demain matin et attrape mon manteau. Puis, après avoir vérifié que je n’avais rien oublié, je sort du bureau et me dirige vers l’ascenseur. Ma journée à été rude du début à la fin, une vraie succession d’emmerdes en tout genre et l’idée de rentrer chez moi ne me vient même pas à l’esprit. J’ai besoin de me changer les idées et le silence de mon appartement ne pourrait réussir qu’à me déprimer encore plus. Une fois dehors, je vais récupérer ma voiture, ignorant le froid autant que possible. De toute façon, j’ai l’habitude de la basse température, ça ne me gêne même plus étant donné que je suis rodée depuis la naissance! Bien a l’abri dans l’habitacle, le contact enclenché, je me décide enfin: Un verre, voilà ce qu’il me faut! Boire de l’alcool dans un endroit bruyant me changera sûrement les idées et me distraira, au moins pour ce soir. Même si ce n’est pas dans mes habitudes de faire ça, je compte bien briser les règles de mon train train pour cette fois! Alors, avant de sortir du parking, j’envoie rapidement un sms à Phoenix pour lui dire que je ne rentrerais pas tout de suite. Ah. Phoenix. La principale raison pour laquelle j’ai envie m'évader et de boire dans un bar, pour une fois! Lui et le fait qu’on ce soit embrassé et que je me sois faite repoussée! Et autant dire que ce fut une expérience assez décevante…Enfin, seulement la partie rejet, parce que sinon je n’avais rien à redire! Après, qu’il vive chez moi me rend heureuse, ça, c’est clair! Mais mes sentiments pour lui me mènent la vie dure et je ne sais pas comment je pourrais m’en sortir sans avoir le cœur complètement brisé au bout d’un moment. Refusant de penser une fois de plus à tout cela, je prends enfin la route d’un bar que je connais de nom, une amie m’en avait parlé, il y assez longtemps. Je n’avais jamais eu le temps ou l’envie d’y mettre les pieds, mais il y a une première fois à tout! J’y arrive d’ailleurs quelques minutes plus tard. La soirée étant particulièrement avancée, la circulation était facile, fluide. Je me gare et rentre, soulagée de sentir la chaleur de l’endroit. Elle contraste vraiment avec le froid de l’extérieur et je soupire en retirant mon manteau, restant qu’en simple haut noir. Je dois faire tâche dans le décor avec mes fringues très formelles, prévues pour le boulot et pas pour une soirée comme celle là. Mais les détails me passent au dessus et je me dirige vers le bar, ignorant les regards des quelques personnes déjà installées peut-être depuis un bon moment. une fois l'attention du barman capté, je lui demande de me servir une simple bière. Je n’ai pas tellement l’habitude de boire alors je préfère commencer doucement, comme pour me mettre en condition avant de passer à quelque chose de plus…fort. Jetant un regard furtif dans la salle, je me félicite mentalement. A vingt sept ans, traîner dans un bar rempli d'ivrognes pour la plupart...Belle soirée en perspective, Rosy!